DIAL

Ouverture commerciale et rémunération des facteurs.

Le cas de la Tunisie.

Yvan Decreux

Janvier 2001

Université Paris I Panthéon-Sorbonne

Sous la direction de C. Morrisson

La Tunisie a entrepris depuis quelques années de supprimer progressivement certaines barrières tarifaires qui limitaient ses échanges avec l’Union Européenne. La thèse analyse les conséquences que cette décision devrait avoir sur les rémunérations des facteurs. L’essentiel de l’analyse porte sur les salaires par niveau de qualification. Observant que réduire les tarifs douaniers et mettre fin à une situation d’autarcie sont des mesures fondamentalement différentes, nous proposons d’abord une extension du modèle de Jones (1965) pour montrer que leurs conséquences en termes de rémunérations des facteurs vont néanmoins dans le même sens. Nous poursuivons notre étude par la construction de modèles appliqués en équilibre général s’appuyant sur les données tunisiennes juste avant l’ouverture. Dans un premier temps nous supposons une concurrence parfaite entre les entreprises nationales. Les modèles proposés sont déclinés dans deux versions statiques correspondant au court et au long terme et dans une version dynamique récursive. Notre étude met en lumière l’importance des élasticités de substitution entre facteurs de production. Constatant que le travail qualifié et le capital sont généralement considérés comme très complémentaires, et que l’ouverture commerciale constitue dans le cas tunisien une incitation à investir, nous estimons que celle-ci devrait favoriser principalement la main-d’œuvre qualifiée. L’impact de l’ouverture est surtout important à court terme puis il s’estompe progressivement à long terme. Dans un second temps, nous nous situons dans un cadre de concurrence monopolistique avec entrée libre de concurrents nouveaux ou non. L’introduction de la concurrence imparfaite modifie sensiblement les résultats du modèle en termes de production mais affecte assez peu ceux qui concernent les rémunérations factorielles. Notre analyse de l’ouverture commerciale tunisienne montre tout l’intérêt d’une modélisation appliquée. En effet, un modèle théorique, s’appuyant sur le constat que le travail peu qualifié est plus abondant en Tunisie que chez son partenaire européen, conclurait que l’ouverture doit favoriser ce type de travail, alors que nos différents modèles aboutissent à la conclusion opposée.