DIAL

De l'école au premier emploi; le poids de l'éducation et de l'origine

sociale au cours des temps à Antananarivo

Diane Coury

Novembre 2000

Institut d’Etudes Politiques de Paris

Sous la direction de François Roubaud

Cette thèse porte sur les conditions d’accès au premier emploi des jeunes tananariviens au cours du temps. Depuis le début des années 1970, Madagascar est entrée dans un processus de développement involutif. Cela s’est traduit par une profonde dégradation de l’environnement économique qui s’est répercutée sur la qualité des emplois offerts. Les jeunes générations entrées sur le marché du travail depuis le début des années 1980 connaissent des conditions d’insertion plus défavorables que celles de leurs aînés. Elles occupent aujourd’hui davantage d’emplois peu qualifiés et mal rémunérés, limitant ainsi les possibilités de valorisation à court terme de leur diplôme. Dans ce contexte de crise, la famille a joué comme un filet de sécurité en vue de protéger ses enfants de toute mobilité descendante. Les étudiants sont aujourd’hui dans une situation où l’éducation est nécessaire pour les garantir contre l’échec, mais insuffisante pour améliorer leur futur économique. Il devient de plus en plus important d’appartenir à une bonne famille plus que d’avoir un niveau d’instruction élevé. On observe donc depuis le début des années 1980 un effet de substitution du capital social au capital humain. Le marché du travail ne fonctionne donc plus totalement de manière méritocratique : que cela soit dans l’allocation des travailleurs dans les différents secteurs ou occupations, comme dans la rémunération des agents, l’origine sociale joue de son influence. Ce constat pose deux problèmes majeurs. Le premier concerne l’inefficience d’un tel fonctionnement dans la mesure où les individus ne sont pas alloués là où ils seraient les plus productifs. Ce mécanisme est par ailleurs renforcé en raison de la nature segmentée du marché du travail. Le deuxième problème provient de la tendance de la société à se  » reproduire  » et avec elle, les inégalités sociales : l’élite parvient à maintenir son rang dans la société, tandis que les pauvres restent confinés dans un état de misère critique. La fermeture de la société pourrait ainsi constituer un facteur de blocage au développement économique de Madagascar.