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L’implantation à l’étranger des entreprises françaises : impact sur la production, l’emploi et l’innovation en France

Alexandre Gazaniol

Juin 2012

Université Paris-Dauphine

Sous la direction de Jean-Marc Siroën

Cette thèse s’intéresse à l’implantation à l’étranger des entreprises industrielles françaises et son impact sur la production, l’emploi et l’innovation en France. Ce travail empirique s’appuie sur des données individuelles d’entreprises (Enquêtes Annuelles Entreprises (EAE), enquête Liaisons Financières (LiFi), données individuelles de douanes, enquêtes communautaires sur l’innovation), qui permettent de décrire finement les performances des firmes selon leur degré d’internationalisation. D’un point de vue méthodologique, sa principale contribution est d’accorder une attention particulière à la dimension « groupe », afin de tenir compte de deux évolutions récentes de l’appareil productif : l’organisation de plus en plus fréquente des entreprises en groupes de sociétés et la part croissante de firmes contrôlées par des capitaux étrangers.
Dans le premier chapitre, nous montrons que les choix de localisation des entreprises multinationales sont déterminés par leur expérience d’exportation et/ou d’importation et celle de leur groupe. La majorité des investissements à l’étranger sont précédés d’une étape préliminaire où l’entreprise évalue son potentiel de ventes et accroît sa connaissance du marché local via l’exportation. Cette phase d’exportation peut se raccourcir lorsque l’entreprise bénéficie de l’expérience d’un groupe sur le marché visé, en particulier lorsque le groupe détient une filiale locale. Les choix de localisation des firmes multinationales dépendent aussi de leur expérience d’importation, qui constitue surtout un préalable aux investissements dans les pays à bas revenu.
Le deuxième chapitre détermine dans quelle mesure les firmes qui ont des activités internationales ont une propension plus élevée à démarrer des investissements en R&D, à devenir des firmes innovantes et à bénéficier de gains de productivité. Il montre que le fait d’avoir des activités internationales affecte la probabilité de commencer à investir dans la R&D, mais pas l’intensité de R&D. Indépendamment de leurs dépenses de R&D, les firmes cumulant plusieurs formes d’internationalisation (exportation, importation et éventuellement filiale étrangère) ont une plus grande capacité à introduire des innovations de produit et/ou procédé.
Le troisième chapitre étudie les performances des entreprises industrielles selon leur degré d’internationalisation. Il montre que les firmes industrielles qui s’implantent à l’étranger pour la première fois – les primo-investisseurs – connaissent une croissance plus rapide de leurs ventes et de leurs effectifs en France que des firmes comparables ayant choisi de rester domestiques. Cet impact positif de l’implantation à l’étranger sur les performances de la maison-mère apparaît toutefois conditionné à l’appartenance à un groupe français : les firmes indépendantes bénéficient d’effets relativement modestes tandis que les filiales de groupes étrangers ne jouissent d’aucune amélioration de leurs performances ex-post.
Le dernier chapitre reproduit l’analyse du chapitre précédent en ne raisonnant plus au niveau des unités légales, mais au niveau du contour français des groupes. Il montre d’abord que l’impact positif de la première implantation étrangère ne concerne pas seulement la société-mère mais l’ensemble du contour français des groupes industriels. Il met également en évidence un mécanisme contribuant au phénomène de désindustrialisation des pays développés, à savoir la part de plus en plus importante des fonctions supports au sein de la maison-mère des groupes primo-investisseurs. Toutefois, cette hausse des effectifs liés aux activités de services ne semble pas s’accompagner, à court terme, d’une contraction du contour industriel.

 

Mots-clés : Investissement Direct Etranger, firmes multinationales, implantation à l’étranger, choix de localisation, délocalisation, désindustrialisation, innovation, effets d’apprentissage, performances des entreprises, effet de sélection, profilage, appariement.

 

Codes JEL : F23, L25, L22, O31.