DIAL

Le rationnement du crédit dans les pays en développement,

le cas du Cameroun et de Madagascar

Anne Joseph

Février 1998

Université Paris I Panthéon-Sorbonne

Sous la direction de J-C. Berthelemy

La problématique de ce travail concerne le rôle du secteur financier dans le processus de croissance économique. L’objectif est de comprendre pourquoi, dans beaucoup de pays en développement, et plus particulièrement au Cameroun et à Madagascar, les banques rejettent la plupart des dossiers concernant des demandes d’entreprises nationales pour financer des investissements productifs. La première partie rappelle l’évolution de la pensée économique concernant le rôle du secteur financier dans la croissance économique, et expose les mécanismes de transmission entre les deux. L’influence du secteur financier sur la croissance économique via le volume et l’efficacité des investissements a en particulier été étudiée par les théoriciens de la croissance endogène. On étudie ici le rôle spécifique des banques en s’interrogeant sur la notion de rationnement du crédit. La deuxième partie étudie l’évolution économique et le fonctionnement des systèmes bancaires au Cameroun et à Madagascar. L’étude de ces deux pays montre que, quelle que soit leur situation, les banques s’engagent très peu dans le financement des investissements. Ces constatations amènent à se demander si l’étendue des réformes bancaires récentes y a été suffisante pour que les banques changent leur comportement et contribuent davantage au fonctionnement de l’économie. La troisième partie cherche à comprendre les raisons du faible engagement de la part des banques malgaches et camerounaises. Les difficultés financières des entreprises sont analysées à la fois du point de vue des chefs d’entreprises industrielles et des banquiers, à partir de données micro-économiques et d’enquêtes de terrain. Les études économétriques menées ici cherchent à déterminer si les banques utilisent les mêmes critères de sélection dans les deux pays. De manière générale, il s’avère que, soit les banquiers manquent d’informations pour évaluer le risque, soit les projets sont jugés trop risqués. Afin de réduire le rationnement du crédit, le rétablissement de la confiance des acteurs dans l’économie du pays paraît fondamental, et surtout celui de la confiance envers l’Etat. Pour compléter ce travail, il serait opportun d’une part de s’interroger sur les enseignements à tirer des pratiques des secteurs financiers informel et semi-formel, d’autre part d’étudier les difficultés spécifiques des micro-entreprises, afin de définir des modes de financement adaptés.