DIAL

Politiques économiques et forêt; le cas de la Côte d'Ivoire

Arlène Alpha

Janvier 2000

Université Paris I Panthéon-Sorbonne

Sous la direction de J-M. Boussard

La thèse analyse le rôle des politiques économiques, à la fois forestières et agricoles, dans les mécanismes de la déforestation tropicale liés à la conversion agricole des forêts. Elle montre la complexité du processus de déforestation, qui apparaît historiquement construit et au cœur des diverses logiques des intervenants en forêt, en particulier l’Etat et les paysans. La littérature économique standard, qui appréhende la déforestation comme le résultat de défaillances de marché et de politiques économiques, est confrontée à l’analyse historique de la déforestation en Côte d’Ivoire. Celle-ci est effectuée aux niveaux macro- et micro-économique. L’expérience dont bénéficie le pays en matière de politiques publiques concernant la forêt permet de tirer des leçons utiles du passé. Les nombreux travaux empiriques sur l’agriculture de plantation, ainsi que les observations de terrain dans trois régions forestières (Est, Centre Ouest, Sud Ouest), permettent de comprendre les pratiques paysannes. L’étude du cas ivoirien révèle que les incitations économiques du marché et des politiques publiques interfèrent en permanence avec d’autres déterminants, de nature plus politique, sociologique et agro-économique. Les politiques de gestion forestière, qui excluent les populations rurales de l’appropriation des forêts et de l’exploitation forestière, modifient le rapport de ces populations à la forêt au moins autant que les politiques de développement agricole. Nos recommandations de gestion forestière ne conduisent pas à un désengagement de l’Etat en faveur d’une gestion de type privé, mais à un rôle renouvelé du public. Les instruments économiques, tels que la sécurisation des droits de propriété et la taxe foncière, sont envisagés dans un contexte marqué par la coexistence des modes de régulation d’accès à la forêt. Les politiques agricoles, qui facilitent l’accès à d’autres facteurs de production que la forêt, participent de la gestion forestière.