Novembre 2003
Institut d’Etudes Politiques de Paris
Sous la direction de D. Blanchet et D. Cogneau
Cette thèse s’articule autour de la thématique des inégalités de revenu au sein des pays et des grandes zones géographiques et de leur évolution dans le temps. Elle offre une analyse des déterminants de l’évolution des inégalités dans le monde en général, et en Afrique sub-saharienne en particulier, en cherchant à identifier les raisons macroéconomiques, mais également institutionnelles, politiques et démographiques qui en font le continent le plus pauvre et, désormais probablement, le plus inégalitaire du monde. La recherche des mécanismes macro-économiques qui relient la croissance et les inégalités de revenu montre qu’il n’existe pas de relation de causalité universelle entre ces deux variables, les mêmes facteurs de long terme semblant les codéterminer. Ainsi, de nombreux modèles récents en économie comparative font intervenir la qualité des institutions comme facteur explicatif des écarts de développement. Outre une synthèse de ces débats, un intérêt particulier a été porté à l’influence de la colonisation, des types de gouvernance et d’exploitation des richesses qui en sont issus, sur le niveau de long terme des inégalités de revenus. Reste que les analyses économétriques agrégées sur de larges échantillons de pays atteignent rapidement leurs limites. Aussi, la thèse présente trois études micro-économiques appliquées sur la Côte d’Ivoire et Madagascar. La première s’attache à apprécier l’importance des bas et des hauts revenus par l’examen d’enquêtes micro-économiques et de données de Comptabilité Nationale ; elle permet de mettre en évidence des incohérences entre ces deux types de données et tente de redresser les biais attachés au calcul des inégalités. Une étude sur plusieurs enquêtes en Côte d’Ivoire a permis également d’apprécier l’évolution globalement négative du niveau de vie des ménages urbains, et de constater une augmentation conséquente de la pauvreté monétaire et de la pauvreté des conditions d’existence de 1985 à 1998 durant laquelle le pays était « sous ajustement ». Enfin, une analyse intergénérationnelle des inégalités et de l’évolution des revenus sur l’horizon du cycle de vie des individus a été effectuée sur une enquête biographique réalisée en 1998 dans la capitale malgache. Cette analyse montre globalement que les individus de la plus jeune génération ont des revenus plus élevés en moyenne que leurs aînés au même âge, et cela malgré la dégradation quasi continue des indicateurs macro-économiques à Madagascar sur la période 1960-1998.