Novembre 2008
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
Sous la direction de Denis Cogneau et Thomas Piketty
Cette thèse s’appuie sur l’extraction de données historiques originales puisées dans les budgets coloniaux et les rapports politiques des administrateurs de cercles de l’Afrique Occidentale Française. Elle est tout d’abord consacrée à la question des coûts et des bénéfices économiques qu’ont retirés la France et ses anciennes colonies de l’expérience coloniale. En passant en revue quarante ans d’écriture du bilan économique de la colonisation française, je montre que si les différents aspects du bilan économique de la colonisation ont été bien identifiés, les conclusions auxquelles aboutissent les uns et les autres manquent, pour l’essentiel, de validité. J’apporte ensuite une réponse au manque de connaissances actuel sur le coût direct de la colonisation pour l’Etat français et sur l’ampleur des investissements en biens publics réalisés pendant la période coloniale en Afrique Occidentale Française. Le coût de la colonisation de l’Afrique Occidentale Française a été, pour les contribuables français, extrêmement faible, et le peu d’investissements publics réalisés pendant la période coloniale permet d’autant moins à la France de s’en enorgueillir qu’il a été financé presque en totalité par les populations africaines elles-mêmes. En s’appuyant sur les techniques de l’économétrie, cette thèse s’intéresse ensuite aux effets de long terme de la colonisation française sur le développement et les inégalités régionales au sein de l’ancienne Afrique Occidentale Française. Je montre d’abord que les investissements publics effectués pendant la période coloniale ont crée des inégalités persistantes entre les régions de l’ancienne AOF : les différences d’offre de biens publics entre les régions ne se sont pas résorbées, même après plus de soixante ans, se traduisant par une scolarisation, une santé infantile et un niveau d’équipement des actuels ménages ouest-africains plus élevés dans les régions qui ont bénéficié d’investissements publics plus importants au début de la période coloniale. Enfin, je montre que les régions dans lesquelles les colons européens ont été relativement plus nombreux ont aujourd’hui un développement relativement plus élevé. Bien que les européens aient, en général, préféré s’installer dans les régions initialement plus prospères, la présence européenne a entraîné sur un siècle des modifications dans la répartition du leadership régional : certaines régions très dynamiques ont perdu leur place au profit de régions secondaires, préférées pas les colons pour leur plus grande hospitalité.
Mots-clés : colonisation, développement, investissements publics, inégalités régionales, Afrique de l’Ouest.