DIAL

Efficacité comparée de l'éducation publique et privée.

Une application micro-économétrique au cas de Madagascar.

Florence Arestoff

Juin 2000

Université Paris X Nanterre

Sous la direction de P. Hugon

A Madagascar, la crise qui sévit depuis les années 1980 a engendré une chute considérable des dépenses publiques d’éducation. A la dégradation des principaux indicateurs éducatifs s’est ajoutée une réorientation des classes moyennes voire pauvres vers l’enseignement privé. La thèse vise à vérifier si le choix des ménages malgaches de scolariser leurs enfants dans des écoles privées se justifie par une plus grande efficacité de celles-ci. Les analyses économétriques montrent d’abord le rôle du milieu social dans le choix de l’établissement scolaire. Une fois ce biais de sélection corrigé, il apparaît que les élèves qui obtiennent les meilleurs résultats scolaires sont ceux qui se sont inscrits dans une école privée plutôt que publique. Parallèlement, la crise est à l’origine d’une augmentation relative de la durée de chômage post-scolaire des anciens élèves de l’éducation publique. En revanche, si le marché du travail est supposé concurrentiel, les revenus perçus ne dissocient pas les anciens élèves du public et du privé. Tel n’est plus le cas sous l’hypothèse d’un marché du travail segmenté entre secteur formel et secteur informel. Dans le secteur informel, l’éducation publique garantit un revenu plus élevé que l’éducation privée, contrairement aux résultats précédents. Avec les années d’expérience professionnelle, l’écart d’efficacité entre éducation publique et privée devient donc soit inexistant, soit plutôt favorable à l’éducation publique. Cet argument, conjointement aux externalités que l’éducation engendre sur la société, vient justifier la nécessité d’une intervention de l’Etat dans l’offre globale de services éducatifs. La thèse propose enfin une modélisation des conséquences de l’éducation publique et privée sur la croissance, en mettant en évidence le poids des politiques gouvernementales. Le modèle montre que si les parents sont faiblement éduqués, l’éducation privée risque d’entraîner l’économie dans une trappe de pauvreté, le capital humain se réduisant de génération en génération. En revanche, dans un régime d’éducation publique, l’Etat pourra fixer un taux d’imposition suffisamment élevé pour assurer une qualité scolaire suffisante et maintenir ainsi l’économie sur un sentier de croissance positif.