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Migration, développement et politique dans le pays d'origine des migrants.

Marion Mercier

Septembre 2014

Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales

Sous la direction de Thierry Verdier et Lisa Chauvet

La migration de certains individus a des conséquences sur leur pays d’origine. Une riche littérature documente ces impacts, suggérant ainsi que les migrants peuvent devenir des acteurs du développement économique, social et humain de leur pays. Cette thèse aborde les répercussions de la migration sur l’économie politique du développement des pays d’origine, une dimension à ce jour peu explorée par la littérature. Elle examine certains des mécanismes par lesquels les phénomènes migratoires peuvent jouer un rôle dans la dimension politique et institutionnelle du développement de leur pays d’origine. La première partie de la thèse s’appuie sur l’étude du cas malien. Dans le premier chapitre, nous explorons l’impact des migrants de retour sur les comportements politiques. Les résultats empiriques suggèrent l’existence de transferts de normes électorales des migrants de retour maliens vers les non-migrants. Le deuxième chapitre s’intéresse aux transferts de fonds renvoyés par les migrants sur une base collective, par le biais d’associations dans leur pays de destination. Il montre que les villages maliens ciblés par des associations de migrants créées en France, donc potentiellement récipiendaires de tels transferts, ont vu leur nombre de biens publics locaux (écoles, fontaines, etc.) augmenter plus rapidement que les autres depuis les années 1990. La seconde partie de la thèse quitte le sol malien et adopte une approche plus macro-économique. Dans le troisième chapitre, nous étudions l’expérience migratoire des dirigeants politiques, et observons que, entre 1960 et 2004, les pays en développement avec à leur tête un leader ayant fait ses études à l’étranger ont atteint des niveaux moyens de démocratie plus élevés. Enfin, le quatrième chapitre propose un modèle théorique pour analyser l’effet d’une diaspora sur la guerre civile dans le pays d’origine, et caractériser les circonstances dans lesquelles les diasporas peuvent attiser la violence ou favoriser la construction de la paix. Cette thèse éclaire ainsi quatre mécanismes différents par lesquels la migration peut affecter l’économie politique locale, et ouvre de nombreuses nouvelles questions de recherche. Elle met aussi l’accent sur l’intérêt d’adopter des approches diverses, fondées à la fois sur des outils théoriques et empiriques, et de mettre en place des méthodologies et dispositifs de collecte de données novateurs, pour aborder ces questions.