DIAL

Madagascar à l'heure de l'ouverture économique :

la croissance peut -elle venir des entreprises exportatrices ?

Mireille Razafindrakoto

Octobre 1996

Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales

Sous la direction de J. Coussy

L’économie malgache est en stagnation depuis trois décennies. Suite aux échecs des stratégies passées, l’accent est mis sur la libéralisation ainsi que sur l’ouverture extérieure. L’idée sous-jacente est que l’élimination des distorsions micro-économiques, les opportunités qu’offre le commerce international, ainsi que les possibilités de flux d’investissements étrangers, suffiraient à surmonter toutes les contraintes et à faire décoller l’économie, avec un minimum d’intervention de l’Etat. Les résultats de notre recherche montrent cependant que ce pari de renouer avec la croissance, en misant tout de suite sur les forces du marché et l’initiative privée dans le processus de transition, n’est pas soutenable. L’analyse de deux secteurs censés jouer un rôle moteur : le commerce extérieur et le secteur industriel, avec un accent particulier sur les entreprises franches exportatrices, révèle des signes prometteurs suite à la stratégie d’ouverture, mais les dynamiques en cours sont encore limitées. La faible extraversion de l’Ile ne s’explique pas par l’environnement international plutôt favorable, mais par des contraintes internes au niveau de l’offre que les lois du marché ne peuvent résoudre à elles seules. Un MEGC appliqué à Madagascar, intégrant la forte dépendance vis-à-vis des importations, les spécificités des entreprises franches exportatrices, est mobilisé pour évaluer sous l’angle macro-économique, d’une part, l’impact de la réforme fiscale sur le commerce extérieur, et d’autre part, les retombées d’une montée conséquente des investissements étrangers dans la zone franche. Les simulations montrent les contraintes structurelles de l’économie, notamment le poids encore restreint des exportations et sa relative inertie, ainsi que la forte dépendance vis-à-vis des intrants importés, ce qui limite les résultats de l’ouverture. Ainsi, une stratégie reposant sur l’extraversion et sur l’initiative privée, l’Etat ne jouant qu’un rôle marginal, est loin de suffire pour enclencher une croissance économique soutenue. Cette option ne permet pas de lever les contraintes internes et de remédier véritablement à la trajectoire stagnante de l’économie malgache.