L’objet de cette thèse est de contribuer à la réflexion sur les effets de l’ouverture commerciale sur l’emploi, dans le cadre de marchés du travail imparfaits. On montre à l’aide de modèles analytiques que la prise en compte de l’existence du chômage et de différentiels de salaires intersectoriels peut modifier les résultats traditionnels de la théorie du commerce international. La construction d’un modèle d’équilibre général multisectoriel appliqué à la Tunisie, avec deux variantes, l’une à différentiels de salaires exogènes et l’autre à salaires d’efficience permet de mettre en évidence les effets du fonctionnement du marché du travail sur la réponse de l’économie au choc de la libéralisation. L’analyse statique de l’impact de la libéralisation commerciale en Tunisie fait ressortir une baisse modérée du chômage quand la TVA est utilisée pour compenser la diminution des recettes douanières, et une réduction plus importante du chômage quand l’impôt sur le revenu est utilisé à la même fin. En outre, une compensation ciblée sur l’impôt sur le revenu entraîne une dévaluation plus importante, ce qui avantage les travailleurs les moins qualifiés, ceux-ci étant très présents dans les secteurs exportateurs. A l’inverse, les travailleurs les plus qualifiés, employés principalement dans les branches de services, sont désavantagés par la dévaluation. Dans la version du modèle à salaires d’efficience, les capacités de réaction de l’économie sont plus importantes que dans la version à différentiels exogènes, du fait des possibilités d’ajustement simultané des salaires et de l’emploi global. Les résultats du modèle d’équilibre général intertemporel suggèrent que les effets d’accumulation induits par l’accord de libre-échange avec l’Union européenne permettent à l’économie tunisienne de limiter les conséquences négatives sur l’emploi du démantèlement de l’Accord Multifibres. Ces effets d’accumulation sont dus principalement à la baisse des prix des biens d’équipement, qui constituent l’essentiel des importations tunisiennes. La libéralisation agit donc comme une subvention à l’investissement, dont le niveau varie avec le type de réforme fiscale adoptée pour l’accompagner.