DIAL

Biens publics de production et équilibre général.

Une analyse de chocs de dépenses publiques

en économie ouverte sous ajustement.

Sandrine Mesplé-Somps

Décembre 1995

Université Paris I Panthéon-Sorbonne

Sous la direction de J-P. Laffargue

L’objet de la thèse est de compléter les principaux modèles usités pour l’analyse de petites économies ouvertes en change fixe et les modèles fondateurs des politiques de stabilisation par l’introduction d’un Etat, producteur de biens publics de production. Le premier modèle investi est celui de l’économie dépendante. Alors que traditionnellement (hypothèse de dépenses publiques improductives) on montre qu’une expansion du budget de l’Etat entraîne une appréciation du taux de change réel et une détérioration de l’équilibre extérieur, on révèle que cela peut occasionner aussi une dépréciation du taux de change réel. De même, il apparaît que la promotion de biens publics intermédiaires exclusivement destinés à la production des secteurs exposés risque de favoriser une appréciation du taux de change réel alors même que l’objectif visé est d’améliorer la compétitivité des secteurs exposés. Inversement, même si la baisse de la demande interne liée à des restrictions budgétaires autorise une dépréciation du taux de change réel, il est possible que les productions de biens exposés subissent une baisse. Par ailleurs, dans la mesure où l’on envisage que l’aide internationale finance les dépenses publiques, cela permet d’apporter un regard nouveau sur les effets macro-économiques de transferts étrangers, en remettant en cause l’idée selon laquelle le taux de change réel s’apprécie lors d’un flux supplémentaire d’aide. Cette investigation se poursuit en équilibre général calculable. On montre notamment que tant qu’un pays n’est pas en mesure de réformer son système de taxes, il est possible qu’une contradiction apparaisse entre les mesures de stabilisation qui permettent une meilleure compétitivité et la nécessité d’accroître les recettes de l’Etat. Ce modèle d’équilibre général calculable aborde la théorie du droit de douane optimal et montre que les effets d’un droit de douane sur le bien-être sont différents lorsqu’on admet qu’il donne la possibilité à l’Etat de financer des biens publics de production. Le second modèle étudié est celui de l’approche monétaire de la balance des paiements. Les enseignements de ce modèle ne sont robustes que si la politique budgétaire n’a d’effet ni sur le revenu des consommateurs ni sur les productions sectorielles. Ainsi les conclusions du modèle standard, à savoir qu’une restriction des crédits accordés à l’Etat se traduit par une baisse de l’inflation et par une reconstitution des réserves internationales, peuvent ne plus être assurées. Enfin, est étudié un modèle à économie duale avec chômage. On peut voir que, du fait du caractère ou non local du bien public de production et de la segmentation du marché du travail, les évolutions des productions sectorielles peuvent être très contrastées. Dans le cas où on suppose que les exportations sont majoritairement constituées par ces activités traditionnelles, il apparaît que, si elles ne bénéficient pas de la politique budgétaire, elles peuvent connaître une contraction plus forte que dans l’hypothèse de plein emploi tandis que le secteur des biens importables est protégé. De même, le modèle indique que les effets des programmes à caractère social de lutte la pauvreté pourraient ne pas se limiter à une relance de la demande ni à une baisse du taux de chômage mais aussi pourraient conduire à une contraction des biens d’exportations agricoles ainsi qu’à une appréciation du taux de change réel. Enfin, sont apportés des éléments supplémentaires de compréhension des mouvements migratoires et des conditions nouvelles d’apparition d’un « paradoxe de Todaro » sont exposées. En conclusion cette analyse permet de mettre en lumière les enjeux des choix budgétaires en économie ouverte sous ajustement. Il est mis en évidence que la politique budgétaire peut constituer un instrument important d’ajustement et non pas seulement de stabilisation.