DIAL

Dynamique des micro-entreprises dans les pays en développement.

Approche descriptive et analytique sur échantillons constants.

Sarah Marniesse

Janvier 1998

Université Paris I Panthéon-Sorbonne

Sous la direction de C. Morrisson

L’importance socio-économique du secteur informel dans les pays en développement s’est accrue au cours des dernières années, dans un contexte de montée du chômage urbain et de la pauvreté. En particulier, les micro-entreprises, longtemps ignorées, se sont trouvées sur le devant de la scène pour leur capacité à créer de l’emploi. Malgré les nombreuses études récentes à leur sujet, les potentialités de création d’emploi de ces entreprises restent mal connues, ce qui s’explique en particulier par le caractère parcellaire des données empiriques disponibles, qui autorise rarement des analyses dynamiques. De surcroît, les arguments théoriques sont généralement peu développés dans ces études. Le but de cette thèse est de mesurer la capacité de survie et de croissance des micro-entreprises. La trajectoire de plusieurs échantillons de micro-entreprises est ainsi analysée pour la première fois à partir d’enquêtes sur échantillons constants réalisées en Guadeloupe et dans les capitales de cinq pays en développement : Bénin ; Côte d’Ivoire ; Equateur ; Madagascar ; Tunisie. La recherche effectuée vise également à mettre en évidence les facteurs susceptibles de favoriser la survie des petites unités de production et leur création d’emplois. Plus largement, il s’agit d’aider à définir des politiques économiques mieux adaptées aux besoins et aux potentialités de ce segment d’entreprises. Les résultats obtenus confirment la capacité de survie et de développement des micro-entreprises, et donc leur potentiel de création d’emplois, grâce à un mode de fonctionnement qui leur permet de s’adapter à un environnement à risque. Leur structure de coûts flexibles (main-d’œuvre salariée peu nombreuse, faible respect des réglementations, etc.) leur permet ainsi de proposer des produits à bas prix tout en minimisant les risques de faillite. Une croissance est envisageable dès lors qu’elle se fait en conservant le mode de fonctionnement garant de leur compétitivité. Cette croissance est favorisée par des facteurs tels que le capital humain du chef d’entreprise, la flexibilité de la gestion ainsi que des caractéristiques extérieures telles que la dynamique de la demande. Dans la mesure où la faiblesse et la variabilité de la demande sont les problèmes les plus fréquemment cités par les micro-entrepreneurs, il serait judicieux de leur faciliter l’accès au crédit afin de les aider à investir et à amortir les variations de cette demande, tout en augmentant la trésorerie de leur entreprise. Une évaluation de l’impact de l’appui aux micro-entreprises par la méthode d’enquêtes sur échantillons constants utilisée dans cette étude permettrait par ailleurs d’améliorer l’efficacité de ces politiques d’appui.