DIAL

L'épargne financière des ménages dans les pays en développement. Le cas du Pérou.

Sophie Dedise

Janvier 2001

Université Paris I Panthéon-Sorbonne

Sous la direction de C. Morrisson

Cette thèse analyse, pour les ménages urbains au Pérou, les déterminants et l’interaction de trois mécanismes de lissage de la consommation: l’épargne formelle, l’épargne informelle (les prêts accordés par les ménages) et les transferts privés inter-ménages en mettant particulièrement l’accent sur l’ampleur des différentes sources de risques, notamment le risque sur le revenu. Le premier constat est que l’épargne formelle est un mécanisme d’auto-assurance, alors que l’épargne informelle et les transferts inter-ménages représentent des mécanismes informels d’assurance collective permettant de pallier les insuffisances des marchés officiels du crédit et de l’assurance. Une analyse économétrique montre que l’épargne bancaire est l’apanage des ménages les plus riches. A l’inverse, l’épargne informelle, qui est non seulement un placement mais aussi un mécanisme collectif d’assurance, touche un éventail beaucoup plus large de la population depuis les riches jusqu’à ceux qui ont un niveau de vie proche du seuil de pauvreté. Concernant les transferts inter-ménages, après endogénéisation de la variable exprimant la contrainte de liquidité dans la modélisation, nous montrons que les transferts privés ciblent significativement les ménages contraints. Il apparaît en outre que certaines catégories de la population sont moins aptes que d’autres à lisser leur consommation. Les déterminants ne sont pas seulement d’ordre économique mais aussi d’ordre socio-démographique: les ménages mariés et les ménages étendus sont plus en mesure d’assurer leurs membres contre divers risques que les ménages monoparentaux dont le chef est une femme et surtout les ménages concubins qui sont souvent des migrants pauvres travaillant dans le secteur informel. En termes de politique publique, il en ressort que des interventions ciblées sur seulement quelques membres de la communauté pourraient s’avérer contre-productives car elles briseraient l’accord informel de partage de risque fondé sur un groupe. Il semble plus approprié d’utiliser des stratégies qui visent les groupes plutôt que les personnes.