Thomas Calvo
Décembre 2020
Université Paris-Dauphine
Sous la direction d’Emmanuelle Lavallée et Mireille Razafindrakoto
Cette thèse en micro-économie du développement s’articule autour de l’objectif de développement durable numéro 16 visant à « promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et inclusives aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous ». Elle propose d’étudier, à partir de données d’enquêtes originales et de première main, les interactions et les effets de la Gouvernance, la Paix et la Sécurité pour les ménages et les entreprises des pays d’Afrique subsaharienne. Ce projet s’articule autour de deux axes de recherche. Le premier, transversal et méthodologique, interroge la fiabilité des données utilisées. En effet, ces données portent, d’une part, sur des sujets sensibles (respect des droits fondamentaux, démocratie, corruption…) et d’autre part, elles ont été recueillies par des opérateurs publics : les instituts nationaux de la statistique. Les résultats de ce premier chapitre montrent que les instituts publics sont totalement légitimes pour collecter des données de gouvernance : aucun biais de réponse systématique en faveur (ou en défaveur) des pouvoirs publics n’existe quand les enquêtés sont interrogés par des agents d’organisation publique. Le second axe étudie les conséquences micro-économiques de la violence au travers de deux études de cas. Le deuxième chapitre porte sur la violence d’ordre politique et ses effets sur le capital social au Mali depuis le début du conflit en 2012. L’exposition aux violences renforce les liens forts, exclusifs entre individus d’une même communauté, aux détriments des liens inter-groupe dits faibles, inclusifs qui déterminent le développement économique et social individuel et local. Ce repli sur soi est probablement un facteur de l’enracinement des tensions inter-ethniques qui ont explosé après 2016. Enfin, le dernier chapitre analyse les effets de la violence criminelle sur le marché du travail informel à Madagascar. Alors que les victimes de criminalité ajustent relativement peu les conditions de leur travail, la peur de la violence criminelle, largement partagée dans la société malgache, impacte négativement la productivité des ménages agricoles. Ces derniers adoptent des comportements plus risqués sur le marché du travail. Cette inquiétude a des effets sur les plus jeunes dont le temps de travail augmente.